Pour les jeunes urbaines (vivant en hypercentre de grandes métropoles), l'effervescence de la ville est un atout majeur. La ville est un lieu d'apprentissage, de sociabilité, un vrai terrain de jeux, où se jouent beaucoup de moments importants de la vie. Elles entretiennent un lien émotionnel à leur ville (voire à leur quartier), s'y sentent très à l'aise, ont le sentiment d'être "chez elle". Parfois natives de la ville dans laquelle elles vivent, elles peinent à projeter une vie ailleurs, du moins à court terme.

Pour elles, la ville, parce qu'elle permet de faire des choix multiples et de s'épanouir, offre un grand sentiment de liberté. Elle renvoie ainsi à une féminité aspirationnelle : le portait qu'elles dressent de la femme urbaine est celui d'une femme indépendante, moderne, libre et sûre de ses choix (un modèle appuyé par les réseaux sociaux, l'une des principales sources d'inspiration de la cible).

Pour les urbaines installées (vivant dans des villes moyennes et leur périphérie), la ville est avant tout un lieu qui facilite l'organisation du quotidien, permettant de concilier autant que possible sa vie personnelle et professionnelle. La proximité des services, commerces et loisirs, l'accès à l'emploi et la densité du réseau de transports, sont des leviers de facilitation.

Vivre en ville, un plaisir retrouvé qui n'exclut pas la vigilance

Un plaisir renouvelé malgré la crise sanitaire

Les 3/4 des urbains trouvent plaisant d'habiter en ville, un plaisir qui reste constant depuis les premières mesures de couvre-feu, mais qui n'est pas remonté à son niveau d'octobre 2020 (83%), à noter que l'intensité du plaisir à habiter en ville reste relativement modeste (19% seulement l'estiment "très plaisant"). Un plaisir partagé autant chez les hommes (77%) que chez les femmes (75%).

Si une part toujours aussi importante ne constate pas de changement particulier dans son plaisir à habiter en ville depuis la crise sanitaire, la tendance chez les urbains est à reconquérir leur espace : 22% estiment qu'il est plus plaisant de vivre en ville aujourd'hui (+5 points) et le sentiment de perte de qualité de vie décline (-7 points).

Malgré un plaisir de vivre en ville qui se maintient, voire se restaure, la crise sanitaire semble avoir influencé certains comportements chez les urbains, dont un nombre non négligeable estime aujourd'hui plus difficile de se trouver dans des foules ou des grands rassemblements (48%), de sortir de chez soi (32%) ou de rencontrer de nouvelles personnes (42%).

Les femmes semblent nettement souffrir davantage des conséquences de la crise sanitaire sur leur rapport au monde extérieur, dans leur capacité à sortir, à se rendre dans des foules, voire à être patientes (1/3 des femmes trouve cela plus difficile aujourd'hui contrairement à 1/4 des hommes).

Au final, malgré une légère inflexion, près des deux tiers des urbains se retrouvent dans une image bienveillante de leur ville, qu'ils entrevoient plus comme un lieu d'échange et de partage plutôt qu'un lieu de solitude. Seul bémol, le taux d'urbains qui assimile leur ville à un lieu de solitude est en hausse de 4 points par rapport à janvier 2019 (34% vs 30%).

Une ville adaptée et sereine...

Malgré une crise sanitaire qui peine à se terminer, les urbains se montrent beaucoup plus sereins à l'orée de l'été 2022 qu'ils ne l'étaient en 2020. En effet, en juin 2022, 77% disent vivre leur vie de manière sereine contre 57% en octobre 2020. On note tout de même une légère différence entre les hommes et les femmes (83% vs 71%).

Les urbains vivent pleinement leur ville et en utilisent ses différents espaces et services avec une régularité marquée ; commerces (78% pour les hommes comme pour les femmes) et restaurants (68% hommes comme femmes) sont parmi les lieux les plus fréquentés, suivis par les bars (49% vs 46%) et les lieux culturels (42% vs 43%) ; seules les salles de sport (31% vs 29%) et les discothèques (18% vs 13%) font exception.

Les hommes et les femmes habitent, dans l'ensemble, la ville de la même façon : ils évoluent dans les mêmes lieux avec la même fréquence. En revanche, l'âge des urbains fait bien davantage varier les habitudes, notamment en ce qui concerne les sorties. Par exemple, les moins de 35 ans sont près de 2/3 à aller au cinéma contre 41% pour les 50 ans et plus.

De manière générale, les urbains, les hommes comme les femmes, estiment que les horaires d'ouverture des lieux ou services qu'ils fréquentent sont bien adaptés à leur rythme de vie, comme par exemple :

  • 70% pour les banques (+4 points par rapport aux données de 2019)
  • 86% pour les magasins
  • 59% pour les administrations et services publics (61% pour les hommes vs 56% pour les femmes)

Depuis la pandémie, de nombreux aspects de la vie et des services ont évolué vers plus de digitalisation. Les adaptations de la ville aux enjeux de la crise sanitaire sont bien perçues par les urbains, qui s'en montrent dans l'ensemble satisfaits : aménagements à la circulation en vélo (82% des hommes et 83% des femmes), digitalisation des services bancaires (78% hommes et femmes), le développement du click and collect (75% vs 80%), les livraisons de repas à domicile (65% vs 73%), etc... sont autant de développements dont ils soutiennent l'installation dans le temps.

Dans les faits, les différents services développés pendant la pandémie semblent devoir s'installer durablement dans les habitudes des urbains qui ne se voient pas renoncer à la digitalisation. Notamment les 57% des urbains qui ont recours à la digitalisation des services bancaires (56% des hommes vs 58% des femmes) ou aux 1/3 qui ont adoptés les rendez-vous en visio dans le cadre du travail (31% vs 33%).

... mais une vigilance perceptible, notamment de la part des femmes

Si la ville inspire dans l'ensemble un sentiment de sécurité aux urbains, 21% d'entre eux déclarent tout de même ne pas se sentir en sécurité.

Dans le détail, ce sentiment de sécurité se retrouve d'abord dans le foyer (93% des femmes) ainsi que dans les commerces et les magasins (90%).

Certains contextes sont plus faciles à vivre pour les hommes que pour les femmes et les pourcentages bien moins élevés tendent à le prouver : dans les transports en commun (61%), les discothèques (39%) mais aussi plus généralement la nuit, seulement 41% des femmes indiquent se sentir en sécurité.

Les stratégies d'évitement devenues des automatismes pour contrer ce sentiment d'insécurité, surtout chez les jeunes femmes

  • toujours être accompagnée lorsqu'elles rentrent de soirées (75% des femmes disent qu'il leur arrive, même rarement, de renoncer à sortir si elles doivent rentrer seules en marchant ou prendre les transports en commun)
  • ne pas retirer de l'argent lorsqu'elles sont seules (cela arrive à plus de 2/3 des urbaines, même si c'est rare)
  • veiller à sa tenue vestimentaire (25% disent renoncer à mettre certaines tenues pour sortir si elles sont seules)

Quelle que soit la génération, les femmes ont tendance à adopter les mêmes postures de défense (72% des moins de 35 ans et 65% des 50 ans et plus, déclarent qu'il leur arrive, même si cela est rare, de ne pas retirer d'argent si elles sont seules), les plus jeunes les mettant davantage en œuvre, notamment en ce qui concerne les adaptations de leur tenue (86% des moins de 35 ans vs 60% des 50 ans et plus).

Pour rendre les rues et les transports en commun plus sûrs, notamment pour les femmes, les urbains se tourneraient en priorité vers des solutions de contrôle des troubles : 1 urbain sur 2 est pour un renforcement de la surveillance (présence policière, caméras, etc...), 46% souhaitent des politiques publiques qui sanctionnent davantage les responsables des troubles (harcèlement, agressions, etc...), près d'1/4 des urbains (24%) sont pour le développement d'innovations à destination des femmes (taxis collectifs réservés aux femmes, wagons réservés aux femmes dans les transports en commun, mise en place de systèmes d'alerte dans les bars, etc...)