La cinquième étape du Tour de France présente le profil type du parcours dédié aux sprinteurs. Tout le monde s'attend à un sprint massif dans les rues de Privas. Les coureurs ne s'y trompent pas.

Calme plat



Comme si c'était nécessaire, le vent, majoritairement de face, les en convainc un peu plus. Après une très courte tentative de sortie du champion du Danemark, Kasper Asgreen suivi par Thomas De Gendt, personne ne se porte volontaire pour dépenser son énergie à l'avant d'une course perdue d'avance. Parti de Gap, le peloton s'accorde donc une petite pause après undépart de Tour tonitruant. Les équipes se montrent néanmoins vigilantes en traversant la vallée du Rhône pour rejoindre Privas. En cas de vent soutenu, le couloir rhodanien peut vite devenir un piège pour un favori mal placé si une équipe adverse s'organise pour le faire décrocher du peloton. Le fameux coup de bordure est dans les têtes de chacun.
Chaque équipe se rassemble autour de son leader pour le placer le plus à l'avant possible. Bien entourés, les favoris du classement général restent sur le qui-vive. Le vent est cependant modéré et globalement mal orienté pour peser sur la course. L'équipe d'Egan Bernal tente bien une timide offensive à huit kilomètres de l'arrivée. Le vainqueur sortant du Tour participe même à la manœuvre avec ses coéquipiers. Mais les conditions ne sont pas suffisantes et les équipes adversaires y sont tellement préparées que l'offensive est vite désamorcée. Une chute de Sepp Kuss vient à peine sortir l'étape de sa torpeur.

Élément essentiel dans l'équipe de Primoz Roglic en montagne, le coureur américain n'a pour seule mission que celle de rallier l'arrivée aujourd'hui. Remonté rapidement en selle, il rentrera dans le peloton sans s'affoler au bout d'un effort solitaire de quelques kilomètres.

Le sprinteur solitaire


Si quelques coureurs encore mal remis des chutes du début de Tour ont lâché prise dans les derniers kilomètres lors de l'offensive menée par l'équipe d'Egan Bernal, c'est un peloton encore bien fourni qui lance ses sprinteurs dans la bataille de Privas. Très actif la veille pour emmener Primoz Roglic vers la victoire, Wout Van Aert trouve encore suffisamment d'énergie pour participer au sprint. Sans le soutien de son équipe qui se consacre à la défense des intérêts de son leader au classement général, le coureur belge parvient malgré tout à prendre la mesure d'un Cees Bol bien lancé par trois coéquipiers.
Vainqueur de la dixième étape du Tour l'an passé avant d'abandonner sur une terrible chute, le vainqueur de la première étape du dernier Critérium du Dauphiné poursuit sa moisson de victoires depuis la reprise des compétitions début août (Strade Bianche, Milan-San Remo et championnat de Belgique de contre-la-montre). Troisième de l'étape, Sam Bennett se console en dépossédant Peter Sagan du maillot vert grâce au 20 points empochés lors du sprint intermédiaire.

La désillusion de Julian Alaphilippe

Le sprinteur irlandais apporte également une maigre consolation à son équipe qui doit céder le Maillot Jaune LCL de Julian Alaphilippe à Adam Yates. Alors que la journée sans réel enjeu semblait être passée sans encombre, le Français se voit infligé une pénalité de vingt secondes par le jury des commissaires après l'arrivée.
Il lui est reproché d'avoir été ravitaillé par un assistant de son équipe à moins de vingt kilomètres de l'arrivée alors que le règlement l'interdit formellement. Pour un bidon attrapé au vol à dix-sept kilomètres de la ligne, le vainqueur de la deuxième étape se voit rétrogradé en seizième position à seize secondes du nouveau leader.

Rendez-vous sur le mont Aigoual

Julian Alaphilippe aura peut-être des envies de revanche sur la sixième étape dont l'arrivée sur le mont Aigoual pourrait convenir à ses qualités explosives ? Avant d'envisager une victoire, il faudra d'abord parcourir plus de 140 kilomètres sur un terrain pratiquement plat. Le cap de Coste (2,1 kilomètres à 7,3%) et le col des Mourères (6,1 kilomètres à 4,8%) seront les deux première difficultés du jour.

Avec ses secondes de bonification offertes aux trois premiers coureurs basculant à son sommet, le col de la Lusette (11,7km à 7,3%) sera probablement le plus disputé. Les hommes de tête devront encore ensuite tenir plus de dix kilomètres sur une route plus roulante pour finir par  une montée de 8,3 kilomètres à seulement 4% de pente moyenne. Les prévisions météorologiques parfois capricieuses sur le massif cévenol sont plutôt rassurantes mais il ne faut jurer de rien !