Les banques ont un rôle à jouer et une responsabilité

On peut se demander tout d’abord, pourquoi un tel engagement ?

Romain Godec :

Les banques ont un rôle à jouer et une responsabilité du fait qu’elles peuvent orienter l’épargne de leurs clients vers des projets plus respectueux de la société et de l’environnement. Et sur ce plan, LCL est plutôt en avance. La gamme LCL Impact Climat, de placements qui adressent des engagements sociétaux et responsables a été formalisée début 2020. Il y a aujourd’hui beaucoup d’innovations financières sur cette thématique, mais nous avons été initiateurs et nous continuons.

Sébastien Kotecki :

C’est également vrai en ce qui concerne notre gamme de crédits. LCL développe depuis plusieurs années des financements durables et sociétaux pour la rénovation énergétique ou pour la mobilité verte. Cela contribue à instiller la nécessité d’être plus vertueux.

Comment peut-on définir la gamme LCL Impact Climat ?

RG :

Avec elle, notre objectif est de proposer le plus large choix possible d’investissements patrimoniaux dans différentes classes d’actifs sur la thématique durable et sociétale. Les deux premiers fonds proposés en 2020, LCL Compensation Carbone Actions Monde et LCL Compensation Carbone Multi-stratégies, reposent sur le principe de la compensation carbone. Ils sont constitués de valeurs d’entreprises à l’empreinte carbone réduite, au moins inférieure à 30 % de celle de l’indice de référence, le MSCI World. Et l’empreinte carbone résiduelle du portefeuille est compensée par un programme de soutien de projets basés sur la préservation forestière et le développement d’énergies renouvelables. En 2021, le fonds LCL Compensation Carbone Actions Euros a été ajouté sur le même principe.

Comment cette gamme se compose-t-elle aujourd’hui ?

RG :

Nous avons aussi eu dès le départ la volonté de couvrir toutes les facettes du patrimoine. Il s’agit donc d’une gamme complète et diversifiée, qui propose des solutions dans les différentes classes d’actifs.

Elle comprend huit fonds pour différentes propositions. Outre les trois premiers cités, il y a un fonds Green Bonds pur obligations sans compensation carbone, le fonds Amundi Valeurs durables investi sur des actions monde d’entreprises qui œuvrent pour la transition énergétique et trois fonds actions d’autres sociétés de gestion avec des univers spécifiques.

Depuis 2021, nous émettons régulièrement des produits structurés Green Bonds. À côté de ces actifs financiers, nous proposons également des actifs réels : notre filiale immobilière Angle Neuf sélectionne des biens qui respectent toutes les normes environnementales HQE et qui vont même bien au-delà, que ce soit pour investir dans sa résidence principale ou pour un investissement locatif. Nous avons également une SCPI, Perial PF02, fondée sur un engagement factuel fort de réduction de la consommation énergétique du parc immobilier ; la forêt avec un GFI géré par Amundi ; et régulièrement du private equity avec des FCPR fondés sur des ETI françaises et européennes dont le business model repose sur la réduction des émissions ou sur la transition énergétique. Nous couvrons tout le spectre de l’offre. Il y a même un mandat d’arbitrage pour l’assurance-vie, LCL Better World, qui tient compte dans sa stratégie d’investissement d’au moins un des 17 objectifs de développement durable des Nations unies. Elle investit dans des projets qui répondent aux grands enjeux économiques, sociétaux et environnementaux basés sur ces ODD.

Que proposez-vous en termes de crédits et de financements ?

SK :

LCL distribue et promeut bien sûr l’éco-prêt à taux zéro pour la rénovation énergétique du logement. Et nous proposons en complément une offre de crédit à la consommation pour le financement de travaux liés aux économies d’énergie, l’éco-prêt à taux zéro n’étant pas nécessairement suffisant et pouvant être assez long à obtenir. En novembre, nous allons élargir cette offre au financement de panneaux photovoltaïques qui ne sont pour l’instant pas pris en compte dans le dispositif MaPrimeRénov, même s’ils sont encouragés par l’État.

Nous évoluons aussi sur le plan sociétal, en faveur de l’insertion des jeunes et de l’accès à la propriété au travers d’un prêt spécifique pour les jeunes actifs primo-accédants. Il permet aujourd’hui de financer jusqu’à 20 000 euros au-delà du PTZ. Nous avons aussi lancé en septembre avec notre filiale Interfimo une nouvelle offre de prêts étudiants pour les futurs professionnels libéraux. Ils peuvent bénéficier d’un prêt étudiant sans caution et profiter ensuite de l’expertise d’Interfimo pour leur installation. Cela n’existe nulle part ailleurs.

Vos financements touchent aussi à la mobilité…

SK :

Effectivement, notre offre Mobilité verte finance les véhicules qui rejettent moins de 50 g/km de CO2. Cela concerne les voitures hybrides ou électriques neuves ou d’occasion, mais aussi les modes de déplacements alternatifs, vélo à assistance électrique, gyropodes, monopodes, trottinettes… Et nous disposons aussi d’une offre Mobilité douce pour les véhicules qui rejettent jusqu’à 109 g/km de CO2. Avec Agilauto, nous pouvons aussi proposer des solutions de LOA ou de LLD sur les véhicules propres. À un moment où il y a toujours une incertitude sur l’évolution des performances de l’électrique à moyen terme, la location est une solution très pertinente.

Comment ces différentes offres sont-elles accueillies ?

SK : Les prix de l’immobilier se sont sensiblement appréciés ces dernières années. Les ménages se sont pour la plupart focalisés sur leur bien, sans nécessairement intégrer la dimension énergétique. Il est donc essentiel d’en parler et de proposer des solutions attractives. C’est différent en matière de mobilité : les consommateurs se tournent déjà massivement vers les véhicules propres, l’offre s’étant considérablement élargie ces dernières années. Nos offres Mobilité douce et Mobilité verte représentent aujourd’hui 40 % de notre production de crédits automobiles.

RG : En matière de placements, les clients sont de plus en plus connaisseurs, les gammes se développent partout. Il s’agit d’une vraie tendance de marché. Le questionnaire ESG désormais obligatoire permet recueillir les souhaits des clients en termes d’investissements durables afin de leur proposer des solutions qui y répondent. Avec la gamme LCL Impact Climat, les conseillers disposent d’un large choix d’investissements à proposer. Les enquêtes montrent d’ailleurs que 60 % des clients ont aujourd’hui des attentes dans ce domaine.

Comment se comportent les fonds de la gamme LCL Impact Climat en termes de performances ?

RG : Cela dépend de la classe d’actifs. À court terme, certains secteurs peuvent être pénalisés. La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine favorise par exemple les énergies classiques ; de même, le secteur de l’armement a le vent en poupe dans l’immédiat, mais notre groupe s’abstient d’investir dans des entreprises qui vendent des armes. Néanmoins, à moyen ou long terme, tout ce qui touche à la transition énergétique et à la réduction des émissions de carbone est porteur et appelé à développer et donc à performer dans la durée.