Alors que la France vient de vivre le mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré – avec une moyenne nationale de 17,2 °C, soit 3,5 °C de plus que les températures jusqu’alors observées(1) –, les interrogations sur les prévisions météo pour les semaines à venir sont au centre de toutes les discussions.

À cela, une raison très simple : en cas d’hiver rigoureux, RTE – pour « Réseau de transport d'électricité », le responsable du réseau public de transport d'électricité haute tension en France métropolitaine – envisage des délestages. Autrement dit, supprimer ponctuellement l'alimentation d'un groupe d'appareils ou de clients afin d'éviter la saturation du réseau.

Pourquoi pourrait-on soudainement manquer d'électricité ?

La première raison, c’est la guerre en Ukraine qui a fait exploser le prix du gaz, la Russie ayant baissé drastiquement ses exportations vers l’Europe. Ce qui a mécaniquement fait augmenter le prix de l'électricité, dont une grande partie est produite dans des centrales à gaz. Si, en France, cela ne concerne que 6 % de l’électricité consommée(2), chez nos voisins européens, c’est beaucoup plus.

La deuxième raison, c’est la sécheresse qui a eu pour effet de faire baisser les réserves d’eau utilisées par les barrages pour produire de l’énergie. Ainsi, la Norvège, premier exportateur européen grâce à ces 1 700 centrales hydroélectriques(3), risque de ne plus rien pouvoir livrer cet hiver.

Enfin, l’état des centrales nucléaires françaises est également un facteur aggravant. À ce jour, plus de la moitié d’entre elles sont à l'arrêt(4). Une situation sans précédent due à un planning très dense de maintenance, mais aussi à un problème « inattendu »(5) de fissurations sur des tuyauteries. Conséquence : la France, habituellement autosuffisante et même exportatrice, est obligée de se fournir, elle aussi, sur le marché européen de l’électricité, contribuant à la tension des prix.

À quel hiver doit-on s’attendre ?

Grâce à des outils de plus en plus puissants, Météo France a établi différents scénarios de prévisions. Ainsi, l'institution estime à 20 % les probabilités d'un hiver plus froid que les normales de saison et à 50 % un hiver conforme(2).

De quoi renforcer les risques de délestage électrique alors que la production peine à retrouver ses niveaux nominaux ? « Tout scénario où il fait froid est forcément le mauvais scénario, a résumé début novembre sur BFM TV Nicolas Goldberg, spécialiste des questions énergétiques. Concrètement, s'il fait froid en janvier, (…) on pourrait avoir des alertes EcoWatt… ».

Pour rappel, le dispositif EcoWatt se présente comme une météo de l'électricité en informant en temps réel sur le niveau de consommation des Français.

Son objectif : inciter les particuliers, les entreprises et les collectivités à limiter leur consommation, et plus particulièrement sur des périodes ciblées où le réseau est sous tension (notamment dans les tranches horaires 8 heures-13 heures et 18 heures-20 heures). Selon RTE, c’est la seule solution pour éviter les délestages.

L’industrie pharmaceutique inquiète

Chez les entreprises pharmaceutique, ces éventuels délestages sont particulièrement redoutés. Dans un communiqué publié début novembre(7), elles ont expliqué qu’il était essentiel « que les 271 sites de production pharmaceutique en France fassent partie des établissements prioritaires pour l’alimentation en énergie, et ce afin d’assurer leur continuité d’activité et de permettre aux patients d’accéder à leurs traitements ».

 Si elles reconnaissent sans mal que la crise énergétique actuelle est « sans précédent » et qu’elle « nécessite des efforts de sobriété exceptionnels sur l’ensemble du territoire français », elles précisent que leur engagement « est total » sur le sujet. Cependant, elles expliquent se sentir « très préoccupées par l’annonce d’un plan tournant de délestages énergétiques, activable au plus fort de l’hiver par les pouvoirs publics ».

Si des exemptions pour certains établissements peuvent être identifiées par arrêté préfectoral, elles constatent que de nombreux laboratoires pharmaceutiques « se voient actuellement notifier par les préfectures leur caractère non prioritaire, tant pour l’électricité que pour le gaz. Or, poursuivent-elles, toute coupure ou rationnement en électricité ou gaz entraînera des arrêts d’activité lourds de conséquences pour la production et l’approvisionnement en médicaments. »

 Dans le détails, elles expliquent qu’« une coupure d’électricité non anticipée et d’une durée supérieure à 15 minutes peut aboutir à une interruption d’activité ; plusieurs heures, voire plusieurs jours, sont alors nécessaires à la remise en activité des sites industriels, et jusqu’à plusieurs semaines dans le cas d’un site de bio production, auxquelles s’ajoute la destruction des médicaments dont la production était en cours ».

Une situation extrêmement problématique qu’elles souhaitent éviter à tout prix. « L’accès des Français à leurs traitements étant un enjeu de santé publique, il est essentiel que les sites industriels du médicament soient explicitement exemptés de coupures électriques et de rationnements en gaz » concluent-elles.

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1) Source : BFM, 2 novembre 2022.
2) Source : RTE.
3) Source : JDD, 20 août 2022.
4) Source : France Inter, 28 octobre 2022.
5) Source : France Info, 28 octobre 2022.
6) Source : BFM, 2 novembre 2022.
7) Source : Le Quotidien du Médecin, 7 novembre 2022.