Des arnaques de plus en plus nombreuses
C’est un phénomène inquiétant et qui prend de l’ampleur avec le développement des réseaux sociaux et demain de l’intelligence artificielle : l’arnaque financière. Selon une étude menée par BVA Xsight pour l’Autorité des marchés financiers (AMF) ces escroqueries toucheraient des milliers de Français chaque année. Entre 2021 et 2024, la proportion de victimes a triplé, atteignant 3,2 % des adultes. Le Parquet de Paris estime le préjudice global subi par les victimes d’escroqueries financières à au moins 500 millions d’euros par an sur le territoire. L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPRE) estime le préjudice moyen par victime observée sur les 3 premiers trimestres de 2024 à : 69 000 euros pour les faux livrets d’épargne ; 19 000 euros sur les faux crédits. Les arnaques aux cryptoactifs sont également dans le viseur des autorités. Elles progressent depuis le second semestre 2023. Tous thèmes d’arnaques confondus, 45 % des victimes sont des hommes de moins de 35 ans.
Des escrocs omniprésents sur les applications sociales du groupe Meta
La multiplication des arnaques numériques est notamment due à leur déploiement sur les réseaux sociaux, en particulier ceux gérés par le groupe Meta. Selon le dernier rapport sur la sécurité des consommateurs et la criminalité financière de la banque en ligne Revolut, près de 40 % des escroqueries signalées ont cours sur Facebook, Instagram et WhatsApp. Sur le premier, de nombreux escrocs s’appuient sur les contenus sponsorisés pour proposer des promotions démesurées, de l’ordre de -70 % à -80 % sur de grandes marques. Les contenus publiés par ces escrocs sont très visibles et touchent un grand nombre de personnes. L’objectif est d’inciter à cliquer sur un lien menant vers de faux sites d’e-commerce ou installant automatiquement un malware (logiciel espion qui enregistre et transfère l’ensemble de vos données personnelles à votre insu) sur votre ordinateur. Sur WhatsApp, l’arnaque aux faux conseillers bancaires semble plus virale que jamais. L’opération démarre généralement avec l’apparition du logo de son établissement bancaire sur la plateforme, accompagné du message « service fraude » ou « service client ». Sous prétexte d’aider à parer une fraude, le pirate demande de se connecter à votre application bancaire, en ayant bien fait valider l’option « partage d’écran ». L’arnaqueur peut ainsi visualiser et enregistrer vos codes bancaires.
L’IA, accélérateur d’arnaques en séries
Les réseaux sociaux sont aussi le moyen de mettre au jour de nouvelles escroqueries, plus sophistiquées grâce à l’IA. Il s’agit par exemple de vidéos truquées, de faux articles de presse et autres détournements visuels. L’intelligence artificielle vient rendre le travail de vérification des personnes confrontées à ces escrocs 3.0 plus complexe. En la matière, l’arnaque la plus courante est de prétendre diffuser par mégarde sur les réseaux une offre de trading de cryptoactifs. Ensuite, elle se révèle être une arnaque. Cette escroquerie en amène une autre, puisque l’épargnant ayant perdu tous ses fonds va ensuite être contacté par une nouvelle personne, prétendant être mandatée par une autorité publique chargée de l’aider à récupérer ses fonds en échange… d’un nouveau virement.
Un marché du logiciel de sécurité en plein essor
Pour protéger les internautes, un marché du logiciel de sécurité et de détection de contenus créés par IA est en cours de développement. Le cabinet d’études Pierre Audoin Consultants estime que les dépenses de logiciels et de services de cybersécurité vont croître de 10 % en 2025 en France, pour s’établir à 7,96 milliards d’euros. La dynamique doit se maintenir au cours des quatre prochaines années, avec un taux moyen de croissance annuelle du marché de 10 % toujours. Le marché doit atteindre les 11,36 milliards d’euros en 2029. Pour se protéger gratuitement, vous pouvez installer un adblock par exemple : il bloque le chargement des publicités sur les sites et plateformes que vous consultez. Les logiciels anti-malwares examinent en détail votre ordinateur ou smartphone pour détecter si vous êtes espionné. Google propose gratuitement, depuis la fin juillet 2024, la fonction « rapport sur le dark web », qui permet de savoir si des données personnelles circulent sur cet espace numérique non indexé. Vous pouvez également vous rendre sur le site Have I Been Pwned (« me suis-je fait avoir ? » en français) pour savoir si vos informations personnelles circulent sur le dark web. Si vous savez connaissance d’une fuite de vos données sur le dark web, il faut modifier l’ensemble des mots de passe et identifiants de toutes vos plateformes pour éviter une usurpation de votre identité. Pensez également à surveiller vos mouvements bancaires. Enfin, n’oubliez pas d’activer l’authentification double facteur pour l’ensemble des sites qui prennent en charge ce type de dispositif. Ce dernier permet de renseigner sur les plateformes une seconde adresse e-mail ou un numéro de téléphone sur lesquels les services en ligne envoient un code de confirmation quand vous tentez de vous connecter à vos comptes.