Investissements obligataires : tout d’abord, de quoi parle-t-on ?
On parle d’investir sur des obligations, des valeurs mobilières qui offrent souvent un revenu fixe. Ce sont des titres d’État ou d’entreprise qui permettent aux émetteurs d’emprunter sur les marchés financiers. Une obligation est donc une part de dette, contractée par un État ou par une entreprise afin de se financer. En détenant une obligation, on détient une part de la dette émise par l’émetteur de cette obligation. En guise de rémunération, le porteur d’obligation reçoit un intérêt que l’on appelle coupon. Au terme prévu, dix ans souvent pour les obligations d’État, l’émetteur rembourse le montant emprunté. A noter qu’il existe un risque de perte en capital. Les intérêts ayant été versés au travers des coupons, cela s’apparente à un prêt in fine si l’on devait comparer au marché des prêts aux particuliers. Une obligation est cotée au quotidien sur les marchés financiers : il est possible de la revendre à tout moment. Elle n’est alors pas vendue au pair, le prix de souscription, mais au prix du marché. C’est ce que l’on appelle le mark-to-market.
Quelles sont les grandes caractéristiques de l’obligation ?
La première est sa durée de vie, qui va de quelques mois à trente ans, voire plus. Elle peut même être perpétuelle et s’apparente alors beaucoup à une action. Elle bénéficie dans ce cas d’un taux supérieur, puisque le capital pourrait en théorie ne jamais être remboursé. Le principal risque est lié à la possibilité de défaut de l’émetteur, c’est-à-dire son incapacité à rembourser le capital à maturité. Il convient donc d’analyser précisément cette capacité de remboursement à l’échéance. En l’occurrence, plus la durée de vie du titre est longue et plus le risque lié à une éventuelle défaillance s’accroît, toutes choses égales par ailleurs.
La deuxième caractéristique de l’obligation tient à son taux qui peut être fixe, variable, révisable ou indexé, sur l’inflation ou sur un indice. L’obligation peut aussi être “zéro coupon” : dans ce cas, elle ne verse aucun coupon en cours de vie, les intérêts sont versés in fine. Elle peut enfin être convertible, c’est-à-dire remboursable en actions.
Il faut noter que c’est l’émetteur qui choisit de distribuer les intérêts. L’investisseur n’a la main que sur une éventuelle sortie en cours de vie. Cela confère une certaine liquidité à l’obligation mais contrairement à ce que l’on pense souvent, ce n’est pas sans risque.
Comment s’exprime ce risque justement ?
L’évolution des taux du marché a une incidence directe sur la valeur des obligations sur le marché secondaire : plus les taux montent et plus leur valeur diminue, et inversement. Mais toutes les obligations ne sont pas affectées de la même façon. Chacune a sa propre sensibilité : un chiffre qui exprime la variation de son prix pour une variation de 1 % des taux d’intérêt. Il dépend directement de sa maturité. Donc, plus la durée de vie de l’obligation est longue et plus elle est sensible à la variation des taux d’intérêt, toutes choses égales par ailleurs. Il est également important de prendre en compte la notation de l’émetteur de l’obligation. Un émetteur qui dispose d’un bon rating est un émetteur qui présente un risque de défaut faible. Le défaut, ou le non-remboursement de l’obligation est le plus grand risque pour l’investisseur obligataire.
Quels sont les acteurs et les instruments du marché obligataire ?
Les acteurs, ce sont les États, les entreprises les banques centrales, les banques et les investisseurs privés. Comme je l’ai dit, il peut s’agir d’obligations cotées, souveraines, émises par des États, ou d’entreprises, voire des dettes privées, non cotées. Il existe également des produits dérivés, comme les swaps ou les CDS.
Pourquoi s’intéresser aux investissements obligataires ?
D’abord parce que c’est un marché historiquement un peu moins risqué, un peu moins volatile, que celui des actions, même s’il n’est pas sans risque. Ensuite parce qu’il s’agit d’un marché de rendement régulier.
Et pourquoi maintenant ?
La hausse des taux directeurs des banques centrales pousse les émetteurs d’obligations à offrir des rendements plus intéressants, ce qui n’était pas le cas il y a quelques mois. L’investissement obligataire est donc actuellement un support intéressant dans les portefeuilles d’investissement.
On vient d’assister en 2022 à un krach obligataire. Le problème est venu de la hausse brutale de l’inflation liée à la surchauffe de l’économie aux États-Unis et à la crise énergétique en Europe. Les banques centrales ont cherché à lutter contre cette inflation en augmentant leurs taux directeurs afin de réduire les possibilités d’investissement sur le marché. On a donc assisté à un important resserrement monétaire, le plus rapide depuis les années 70. Cette remontée rapide des taux d’intérêt a entraîné un effondrement du prix des obligations. Mais dans le même temps elle a aussi fait remonter mécaniquement les rendements des obligations que l’on peut acheter aujourd’hui sur le marché, offrant des opportunités d’investissement qui ne se présentaient pas il y a un an de cela.
La période de resserrement monétaire des banques centrales devrait bientôt toucher à sa fin, la hausse des taux des banques centrales devrait ralentir et les taux pourraient rester élevés pendant quelque temps. C’est une situation qui devient favorable à l’investissement obligataire.
Lexique
- Swap : contrat d’échange de flux financiers
- CDS : Credit Default Swap, couverture de défaillance en français
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