Une instabilité qui incite à diversifier ses positions, souligne Estelle Ménard, Directrice des investissements chez LCL, pour qui, déléguer la gestion de son portefeuille à un professionnel est préférable dans le contexte d'incertitudes actuel.
Quels enseignements tirez-vous du premier semestre ?
Estelle Ménard : La lecture du semestre écoulé doit, avant tout, se faire à la lumière du contexte du début d'année. Celui-ci se caractérisait par une croissance économique soutenue (près de 3 % attendus alors aux États-Unis en 2025 pour les prévisions les plus optimistes), une inflation contenue et un environnement monétaire plutôt accommodant, notamment en Europe. Des conditions particulièrement favorables aux actifs risqués, qui vont rapidement être bouleversées sur le front politique avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Les incertitudes liées à la mise en place de son programme, en particulier la menace d'une guerre commerciale, a alors fait craindre un impact récessionniste aux États-Unis. Ce qui s'est traduit par une révision à la baisse des prévisions de croissance économique et une désaffection des investisseurs pour les valeurs américaines, le dollar et, plus généralement, tous les actifs libellés en dollars.
Parallèlement, le contexte en Europe a été marqué par un changement de paradigme réel avec l'annonce, début mars, d'un plan de 800 milliards d'euros sur quatre ans pour la défense européenne. En Allemagne, l'abrogation du frein budgétaire, la promesse d'un plan de relance et de moyens financiers conséquents alloués au réarmement ont aussi changé la donne. Autant de facteurs qui ont rendu les actifs européens d'autant plus attrayants aux yeux des investisseurs qu'ils présentaient des niveaux de valorisation relativement attractifs en raison de l'extrême concentration des investissements sur les marchés américains jusqu'à fin 2024.
Comment ces changements se sont traduits sur le front microéconomique ?
E.M. : En dépit de ces bouleversements, les entreprises ont délivré des résultats de bonne qualité. Notamment au premier trimestre durant lequel la menace des droits de douanes les a poussées à constituer des stocks. Les résultats du deuxième trimestre pourraient apporter leur lot de bonnes surprises car les craintes inhérentes à l'entrée en vigueur des taxes américaines - dont les contours ont été assouplis - ne se sont pas encore propagées à l'économie réelle. Il faut, en général, deux à six mois pour que cela se diffuse et touche les sociétés. En outre, la crainte d'une récession marquée s'est progressivement estompée depuis le Liberation Day(1) avec l’assouplissement du niveau des droits de douane aux États-Unis. Alors que nous les anticipions à hauteur de 25 %, il semblerait que l'on s'achemine vers un niveau de taxes moins élevées et donc moins destructrices de croissance que ce qui était initialement anticipé.
Côté américain, dans un marché fortement concentré sur les grandes valeurs technologiques, et dont les valorisations étaient tendues, celles-ci ont été les premières à pâtir de la perte de confiance des investisseurs. En raison de leur pondération, elles ont entraîné dans leur chute l'ensemble des indices américains. Mais les résultats rassurants délivrés au premier trimestre par certaines d’entre elles, et les premières négociations en matière commerciale, ont, depuis, été le principal moteur du rebond. En définitive, côté entreprises, le seul facteur marquant est l'absence de perspectives. Dans un contexte marqué par les incertitudes, les entreprises se sont, en effet, gardées de faire des prévisions.
Dans cet environnement chahuté, comment a évolué votre allocation ?
E.M. : Début 2025, nous étions principalement positionnés sur les valeurs (actions) de grande taille et de qualité avec une diversification marquée sur les valeurs américaines. Sur la partie obligataire, nous privilégions alors le crédit de qualité (investment grade) et la partie courte de la courbe des taux. Très rapidement, nous avons été convaincus qu'il fallait se couvrir contre le dollar, ce qui s'est révélé pertinent. Aujourd'hui, la baisse du dollar contre euro réduit à néant toute la performance dégagée sur le rebond des indices américains depuis début avril. Pour se prémunir contre la baisse du dollar, nous avons arbitré une partie de notre exposition sur le marché actions américain sur des fonds couverts contre le risque de change. Nous avons également réduit notre exposition au dollar en allégeant une partie de notre exposition sur des fonds de valeurs américaines au profit de fonds d’actions européennes. Nous avons profité de cette réallocation pour nous positionner sur un thème porteur, celui de la souveraineté européenne, via notamment le fonds European Strategic Autonomy de CPR. Par ailleurs, nous avons également décidé d’allouer une partie de notre exposition sur les valeurs européennes de taille moyenne.
Cette approche a été dictée par l'annonce des plans financiers en Europe et en Allemagne qui devraient soutenir les perspectives des secteurs liés à la souveraineté à travers des valeurs de grande taille mais également des valeurs de taille plus moyennes. Tous ces changements nous ont, en définitive, permis de renforcer notre part actions dans les mandats sur les points bas en favorisant les valeurs européennes.
En quoi la gestion sous mandat est-elle pertinente dans ce contexte ?
E.M. : Depuis le début de l'année l'environnement de marché commande une stratégie de diversification qui est plus accessible via une gestion sous mandat. En substance, depuis janvier, nous avons géré de façon très agile nos mandats, en nous repositionnant sur des points bas de marché et en prenant des bénéfices sur des points hauts. Dans un marché incertain comme celui que nous connaissons depuis le début de l’année, nous devons faire preuve d’adaptabilité et d’agilité dans nos choix d’allocation mais également dans nos choix géographiques, sectoriels et thématiques. Mais nous devons également faire preuve de sang-froid et tenir nos positions même dans les phases difficiles. Autant de facteurs qui ne jouent généralement pas en faveur des investisseurs particuliers plus démunis que les professionnels dans ce genre de contexte. La gestion sous mandat leur permet donc de déléguer l'allocation de leur portefeuille à des experts afin qu'ils aillent chercher du rendement, des solutions pour mieux répartir le risque et, le cas échéant, se positionner sur des classes d'actifs "confidentielles". En outre, ils ont la capacité de gérer ces opérations avec un timing particulièrement important dans le contexte de marché qui prévaut aujourd'hui.
(1) « Libération day» ou jour de la libération, est l'annonce d'une nouvelle politique commerciale menée par le président des États-Unis Donald Trump à la suite de son "discours de libération" du mercredi 2 avril 2025.
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