“Un champion caché, c’est une PME ou une ETI familiale, non cotée, leader dans sa catégorie… et méconnue du grand public. Les exemples foisonnent : Armor à Nantes, un des leaders mondiaux des technologies d’impression ; Lesaffre dans les Hauts-de-France, leader mondial des levures alimentaires ; Vygon en région parisienne, champion des dispositifs médicaux à usage unique ; Roquette, 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, numéro 1 mondial des polyols d’amidon utilisés en alimentation ou en pharmacie… Ce sont des entreprises performantes, en croissance, et qui créent de la valeur pour leurs actionnaires.”

Les mégatendances

Mais autant que les champions cachés, Stanislas Cuny insiste aussi sur la notion de mégatendances. Les grands cabinets de consultants désignent ainsi les tendances qui bouleversent l’économie mondiale. “Elles provoquent des changements annoncés comme dix fois plus rapides et 300 fois plus importants que ceux issus de la dernière révolution industrielle…” Ces mégatendances sont au nombre de cinq : la technologie (l’innovation, le big data, la robotique, l’intelligence artificielle…) ; la démographie (croissance de la population, croissance, vieillissement, urbanisation…) ; l’environnement (changement climatique, pénuries des ressources) ; la globalisation (échanges internationaux, pays émergents…) ; les changements sociétaux (médias sociaux, confiance, intégrité, sécurité…). “Cela fait vingt ans que nous vivons dans une économie sans croissance, alors que nous investissons depuis vingt ans via nos fonds dans des entreprises à forte croissance. Nous constatons que le point commun de ces entreprises est de toujours bénéficier d’au moins une de ces mégatendances.” Bien plus agiles que les grandes entreprises, les PME et ETI peuvent en effet se positionner plus vite pour profiter de ces évolutions. Les leaders installés ont souvent plus de mal à disrupter.

“Investir par l’intermédiaire de fonds de capital-risque permet de toucher de nombreux secteurs d’activité largement sous-représentés sur les marchés et pourtant très porteurs.”

Fonds spécialisés

Mais les marchés financiers ne donnent pas accès aux champions cachés. C’est en fait par l’intermédiaire de fonds de capital-risque que l’on va pouvoir investir dans ces entreprises non cotées. Ce qui va d’ailleurs permettre de toucher de nombreux secteurs d’activité largement sous-représentés sur les marchés et pourtant très porteurs comme le bio, par exemple. “En direct, c’est très compliqué. Un investissement prend généralement six mois, avec une série d’audits, d’analyses, de rencontres, d’études financières, stratégiques, fiscales, comptables…” D’où l’intérêt de s’en remettre au professionnalisme des gérants de fonds spécialisés. “Le private equity ou capital-investissement est l’une des classes d’actifs les plus performantes du marché. Selon l’Afic, la performance moyenne est d’environ 10 % par an sur les dix dernières années. Elle est supérieure à celle de l’immobilier ou des actions cotées. La contrepartie, c’est le manque de liquidité : une action cotée achetée aujourd’hui peut se revendre demain ; dans le capital-investissement, les fonds restent en moyenne cinq ans au capital des entreprises.”

Un facteur de performance

Ces fonds réalisent en général dix à vingt investissements en quatre ans, puis cèdent progressivement leurs participations à partir de la cinquième année en visant une liquidité totale au bout de dix ans. Pour aborder le private equity, il faut donc avoir des économies… Mais ne pas avoir besoin d’y toucher avant une dizaine d’années. “Le risque est bien sûr lié à l’absence de liquidité, mais il ne diffère pas de celui de n’importe quel investissement en capital dans une entreprise : retournement du marché, maladie du dirigeant, concurrence accrue… Ce sont des sociétés plus fragiles que celles du CAC 40 mais aussi souvent beaucoup plus performantes ! Cependant, je ne vois pas le private equity comme un investissement de diversification mais bien plus comme un élément de performance du capital.” Que des champions apportent la performance… Voilà qui est finalement très logique !

Lexique

- PME : petite et moyenne entreprise
- ETI : entreprise de taille intermédiaire
- Afic : Association française des investisseurs pour la croissance
- CAC 40 : indice boursier de la place de Paris