C’est la touche verte qui vient opportunément compléter un portefeuille bien construit. “La forêt est un investissement à long terme. Il présente une faible rentabilité – environ 2 % – mais il est très diversifiant dans le patrimoine parce qu’il est très décorrélé des marchés financiers.”

Rare… et cher !

Des forêts, il en existe de toutes tailles, dans différentes régions avec différentes essences… et à différents prix : la fourchette en 2016 s’étalait de moins de 700 à un peu plus de 12 000 euros l’hectare ! “Une forêt de chênes de 80 ans coûte logiquement plus cher que si elle est constituée de jeunes arbres.” De même, les forêts du Nord et du Bassin parisien sont bien plus cotées que celles du Sud-Ouest ou du Massif central. “On considère souvent la facilité d’exploitation. C’est plus compliqué, donc plus onéreux lorsqu’il y a de la pente.” Par contre, la petite forêt se fait aujourd’hui une place au soleil à côté des grandes exploitations. C’est un phénomène récent : “On achète moins de 10 hectares, généralement localement, pour le plaisir d’y chercher des champignons ou pour avoir du bois de chauffage.” La forêt reste toutefois un actif rare et cher : avec beaucoup de demande pour peu d’offre, le marché est particulièrement étroit. Seulement 1,2 % des forêts françaises s’est échangé en 2016. Cela veut aussi dire que c’est un investissement liquide : “Il n’y a aucun problème pour trouver un acheteur aujourd’hui. Il existe une vraie demande, stable, pour toutes les forêts.”

“Le marché est particulièrement étroit : seulement 1,2 % des forêts françaises s’est échangé en 2016. Mais cela veut aussi dire que c’est un investissement liquide.”

Une fiscalité bienveillante

Au-delà les forêts bénéficient également d’avantages fiscaux non négligeables. En matière d’impôt sur le revenu, la réduction se limite à 18 % de l’investissement, plafonné à 5 700 euros pour une personne seule et à 11 400 euros pour un couple, soit respectivement 1 026 ou 2 052 euros de réduction effective. Du côté de l’ISF, l’avantage est plus marqué puisque la forêt n’est prise en compte que pour 25 % de sa valeur dans l'assiette taxable (50 % dans la limite de 90 000 euros s’il s’agit de parts de groupement forestier). On retrouve le même niveau d’exonération en termes de donation ou de succession, ce qui peut intéresser les personnes sans enfants qui souhaitent transmettre à des proches. Les revenus eux-mêmes sont peu taxés – au revenu forfaitaire cadastral. Un impôt que l’on paie au fil de l’eau. “Il faut comprendre que les revenus d’une forêt proviennent essentiellement des coupes. Mais celles-ci n’interviennent pas tous les ans : généralement, il se passe une quinzaine d’années sans rentrées. Puis on va couper et obtenir des revenus sur deux ou trois ans, et à nouveau plus rien…”

En direct ou en groupement forestier

Il reste qu’investir dans une forêt ne s’improvise pas ! D’abord parce que les avantages fiscaux sont conditionnés à un certain nombre d’obligations parmi lesquelles la présentation d’un plan d’entretien et de gestion durables sur dix ans. “Pour acheter en direct, il faut être accompagné par un expert forestier. Mais dans chaque région, il y a des associations spécialisées qui organisent des sessions de formation et aident à trouver les bons professionnels.” Elles sont ensuite de bon conseil en matière de gestion, lorsqu’il faut se demander comment replanter après une coupe par exemple…
Mais ceux qui ne souhaitent pas se lancer seuls préféreront sans doute investir dans des parts de groupement foncier forestier (GFF). “Cela fonctionne comme la pierre-papier : c’est le GFF qui s’occupe de la gestion.” La formule permet aussi d’accéder facilement à cette classe d’actifs pour quelques milliers d’euros d’investissement. Et d’obtenir des revenus plus réguliers : les GFF investissent en effet sur un portefeuille de forêts diversifié et réparti sur le territoire, ce qui dilue aussi les risques liés aux incendies et aux intempéries. Quelle que soit la forme de l’investissement, la forêt occupera de toute façon une place à part dans le portefeuille : “C’est un plaisir, une passion… Et surtout, c’est une création de richesse compréhensible : un arbre, on le voit pousser !”