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Point économie et marchés à mi année

1 min 30 s

Point économie et marchés à mi année par Frédéric Collorafi, des gestions de portefeuilles de LCL.

Et si les banques centrales étaient sur le point de remporter leur « pari » ?

Le constat est sans appel : une inflation divisée par près de trois en un an outre-Atlantique et une dynamique des prix beaucoup plus raisonnable en zone euro. Rappelons-nous qu’à l’automne dernier, la progression à deux chiffres de l’inflation de ce côté-ci de l’Atlantique provoquait l’émoi de nombreux économistes et de ménages. Il serait réducteur de limiter ce constat aux seules statistiques d’inflation. La remontée vertigineuse des taux (500 points de hausse entre mars 2022 et juin 2023) de la Réserve Fédérale américaine aurait pu casser la machine, plongeant tout droit l’économie vers des abymes dignes des grandes dépressions. Il n’en n’a pas été ainsi. Le consommateur est au rendez-vous, la demande reste soutenue et l’emploi défie toujours les Cassandres. Bref, pour l’heure moins d’inflation et une économie résiliente.

Derrière ce constat plutôt flatteur, se cachent des signaux faibles à analyser de manière plus détaillée

Attachons-nous aux causes de cette trajectoire de normalisation des prix. Les effets de base sont au cœur de cette évolution. La baisse des prix de l’énergie dont le pétrole et le gaz nous donne de sérieux éléments de réponse. Dans le même temps, la disparition des tensions sur les chaines d’approvisionnement et la baisse du coût du transport ont largement contribué à assagir les prix post-covid.

Mais l’épilogue n’est pas totalement écrit. La décrue de l’inflation sous-jacente (hors éléments volatils tels que l’énergie) s’avère moins prompte. L’histoire a maintenu l’investisseur en haleine. Les multiples resserrements monétaires ne se sont pas faits sans embûches. Les défaillances de certaines banques régionales américaines ne sont-elles pas, pour partie, une conséquence de la rapidité de la remontée des taux ? L’évolution de l’écosystème bancaire outre-Atlantique semble aller de pair avec un asséchement de la distribution de crédits. Certains secteurs qui se finançaient notamment au travers de ces institutions régionales - immobilier commercial, valeurs technologiques non profitables… -pourraient être les prochains à en pâtir.

Le plein impact de ce choc monétaire serait-il à venir ?

Les entreprises qui, depuis plusieurs trimestres, ont affiché une santé de fer, pourront-elles continuer à maintenir leurs marges et à surprendre positivement trimestre après trimestre ? Dans ce contexte, la propension des ménages à consommer est suivie de près alors qu’une partie de leur l’épargne accumulée pendant l’ère covid s’est évaporée.

Le cycle de remontée des taux appartient-il désormais au passé ? Il est probable que la plus grande partie du resserrement monétaire se soit déjà matérialisée. Les institutions monétaires veillent au grain en se disant flexibles face aux données économiques du moment. En Europe comme aux Etats-Unis, les banques centrales sont déterminées à faire retomber l’inflation autour des 2%... un chemin, de plus en plus court, reste encore à parcourir. Elles souhaitent à tout prix éviter une erreur de politique monétaire qui les conduirait à baisser les taux trop tôt pour devoir les remonter plus tard, plus fort, si l’inflation venait à réaccélérer.

De nombreux défis devant nous

D’ordre à la fois économiques, monétaires et géopolitiques, ils militent toujours pour une approche où il faut savoir être réactif et pondéré dans ses choix.

Il est probable, pour un temps tout au moins, que la pause dans la hausse des taux, lorsqu’elle se matérialisera, ne sera pas pour autant synonyme de baisse des rendements. Un plateau de quelques mois avant une décrue permettrait aux banques centrales de voir venir. Assurément, il reste toujours un chemin de traverse pour l’investisseur, un chemin pavé par l’idée que l’inflation pointera vers une dynamique plus contenue alors que l’activité pourrait s’avérer plus résiliente, sans choc récessif marqué. Le chemin est étroit. Il dépendra de la capacité du géant chinois à atteindre les prévisions de croissance édictées par son gouvernement. Le rebond de l’activité ne s’est pas matérialisé avec la même vigueur que dans les pays occidentaux. L’inflation étant contenue en Chine, nul besoin de politique monétaire restrictive. La Banque Populaire de Chine affiche son soutien à l’économie, contrairement aux banques centrales des économies occidentales.

Reste le sujet de la liquidité et de l’accès au crédit à l’heure où les banques centrales poursuivent leur remontée de taux, visent à baisser la taille de leur bilan et où les besoins de refinancement des Etats peuvent laisser moins de marge au financement de l’économie réelle.  

Et les marchés dans tout ça ?

Alors que les marchés ont été soutenus ces derniers trimestres par de bonnes publications d’entreprises, la détermination des banques centrales à faire ralentir l’économie peut générer plus de volatilité sur les marchés d’actions. Il faut rester constructif dans ses investissements et faire preuve d’agilité en termes de classes d’actifs, de zone géographique et de secteurs à privilégier. Certains actifs actions recèlent toujours de la valeur pour l’investisseur. Les niveaux absolus élevés doivent être analysés à l’aune de la valorisation des entreprises et de leurs perspectives de croissance. Ainsi, la sélection de titres s’avère fondamentale. Les actifs de qualité devraient continuer à retenir l’intérêt des investisseurs. Il s’agira de sélectionner des entreprises en Europe comme à l’international qui disposent d’un modèle économique éprouvé, capable de générer de la performance opérationnelle dans un environnement de dynamique économique moins établi, des entreprises capables de satisfaire leur marché domestique tout en conservant une agilité commerciale dans des contrées plus lointaines, des entreprises assez solides et volontaires pour s’adapter aux défis technologiques actuels comme l’essor de l’intelligence artificielle.

Après un exercice 2022 marqué par une remontée significative des rendements, l’investissement obligataire revêt plus de sens au regard des taux proposés. La sélection de titres d’émetteurs, bien notés, aux bilans solides, doit davantage retenir l’attention des investisseurs afin d’éviter les entités les plus contraintes en termes de financement. En effet, le sujet du financement des agents économiques dans un contexte de resserrement des conditions financières doit conduire l’investisseur à davantage de discernement. Le ralentissement de l’activité se matérialisera probablement dans les comptes de certaines entreprises plus particulièrement. Ainsi, les actifs de qualité doivent, là aussi, être privilégiés.

Enfin, eu égard à la configuration actuelle des taux, le monétaire a toute sa place dans une allocation d’actifs afin de rémunérer la trésorerie.

Pour l’investisseur, il y a désormais des alternatives au marché des actions. Le spectre des classes d’actifs capables de générer de la performance s’est désormais fait plus large.

Néanmoins, s’extraire de l’instant, conserver un horizon de long terme mais en même temps faire preuve d’agilité alors que la lisibilité est réduite sur un plan économique et monétaire, devrait participer à la création de valeur pour l’épargnant. 

Achevé de rédiger le 18 juillet 2023 par Frédéric Collorafi, des gestions de portefeuilles de LCL