Le sacre des Pyrénées


À l'abord de la troisième semaine, la question de la solidité de l'équipe du jeune Slovène pour l'épauler en montagne laissait encore planer un léger doute sur ses chances de victoire finale. Il fut rapidement levé. Si la garde rapprochée du Maillot Jaune LCL n'a pas la prestance de celle de Christopher Froome à l'époque de sa splendeur, elle remplit sa mission efficacement.

Avec ses capacités physiques et son sens de la course, Tadej Pogacar n'a pas besoin qu'on lui tienne la main jusqu' 5 kilomètres de l'arrivée pour faire la différence sur ses adversaires directs. Il domine les deux arrivées au sommet dans les Pyrénées, raflant au passage, un nouveau maillot à pois de meilleur grimpeur en plus du Maillot Jaune LCL et de celui de meilleur jeune, tous déjà remportés en 2020.

Si la malchance d'adversaires comme Primoz Roglic, contraint à l'abandon sur blessure, lui a facilité la tâche, l'avance confortable acquise tôt durant l'épreuve lui a également offert de belles perspectives d'avenir. Le Maillot Jaune LCL paraissant vite inaccessible sans un très hypothétique coup de pouce du destin, la concurrence s'est rapidement détournée de la quête du Graal des cyclistes pour défendre une place d'honneur.

Un Tour favorable aux baroudeurs

Malgré cette mainmise sur le classement général, cette 108e édition du Tour de France a souri aux coureurs audacieux.Le taux important de distancés au classement général améliorant les chances de réussite des échappées, les chasseurs d'étape ont pu faire une belle récolte de bouquets. La distribution de bons de sortie arrangeait aussi les affaires du Maillot Jaune LCL.

Elle fut généreuse. Des coureurs d'expérience tels que Dylan Teuns, Matej Mohoric, Patrick Konrad, Bauke Mollema, Nils Politt ou Sepp Kuss ont su saisir leur chance. Des Français comme Guillaume Martin et Franck Bonnamour se sont souvent montrés offensifs également. Si leur comportement d'attaquants n'a pas été récompensé par la victoire qu'ils espéraient décrocher, ils se consoleront avec une belle huitième place au classement général pour le premier et un prix de la combativité pour le second.

Avec l'avantage souvent donné aux échappés et les quatre arrivées confisquées par Mark Cavendish pour égaler le record de 34 victoires d'étape en carrière d'Eddy Merckx, il ne restait pas beaucoup d'opportunités pour les sprinteurs. Mis à part Tim Merlier, vainqueur de la deuxième et l'ultra-polyvalent Wout Van Aert qui s'offre une victoire en montagne, une en contre-la-montre et une au sprint sur les Champs-Élysées, c'est la soupe à la grimace pour les champions du sprint.

Côté puncheurs, Julian Alaphilippe et Mathieu Van der Poel ont, de leur côté, su saisir les deux occasions qui leur étaient offertes.

Rendez-vous est pris


Déjà vainqueur à 22 ans de deux Tours de France en deux participations, Tadej Pogacar semble parti pour un long règne.  Le grand Eddy Merckx a remporté le premier de ses cinq sacres lors de sa première participation également mais il était âgé de 24 ans. Il remporta ses quatre  premiers Tours d'affilés. Il est encore un peu tôt pour dire que le nouveau cannibale est arrivé mais les prochaines éditions du Tour de France s'annoncent déjà passionnantes. On a hâte de voir le Slovène affronter une concurrence requinquée et déterminée à batailler pour conquérir le Maillot Jaune LCL. On attend par exemple avec gourmandise le retour d'Egan Bernal sur les routes françaises.

Vainqueur du Tour 2019, le Colombien a choisi cette année de s'aligner avec réussite sur le Tour d'Italie après avoir résolu les problèmes de dos qui l'ont contraint à l'abandon sur le Tour 2020.

On compte aussi sur les arrivées annoncées d'autres jeunes coureurs prometteurs et encore peu connus du public comme les Belges Remco Evenepoel et Cian Uijtdebroeks ou le britannique Tom Pidcock pour assurer le spectacle.