Parcours de l'étape 17

38 hommes pour un bouquet


Sur un parcours accidenté et long de 200 kilomètres, le peloton du Tour de France s'élance dans la fournaise depuis le Pont du Gard pour rejoindre le pied des Alpes à Gap. Le peloton qui pense avec une appréhension aux trois étapes alpestres effrayantes qui l'attendent à partir du lendemain laisse filer un grand nombre d'échappés. Du moment où vous n'êtes plus menaçant pour les premières places du classement général, vous êtes autorisé à sortir. Ils sont ainsi pas moins de 38 à se retrouver devant tandis que l'équipe du Maillot Jaune mène le peloton à un train de sénateur.
Malgré le nombre, la collaboration entre les coureurs est efficace. Conjuguée avec l'apathie du peloton, l'écart atteint facilement un niveau que l'on peu qualifier d'irréversible. Le vainqueur du jour est dans l'échappée. Bauke Mollema est le premier candidat déclaré. Le Néerlandais passe à l'attaque à 37 kilomètres de l'arrivée. Une fois repris, Alexis Gougeard et Ben King tentent à leur tour de lâcher leurs camarades. Le groupe se disloque. Ils ne sont plus qu'une dizaine lorsque Matteo Trentin se lance seul à l'assaut des pentes du col de la Sentinelle dont le sommet est situé à 8,5 kilomètres de l'arrivée. Déjà vainqueur d'étape sur le Tour de France (2013, 2014) le Champion d'Europe en titre résiste au retour de Kasper Asgreen pour s'offrir une troisième victoire en solitaire.

Le peloton en mode économie d'énergie

Si les jambes tournent mécaniquement sur cette 17ème étape du Tour de France, on sent bien que tous les esprits sont déjà tournés vers le triptyque alpestre concocté par l'organisation. Pourtant le parcours du jour aurait pu convenir à Julian Alaphilippe. Mais depuis douze jours qu'il porte le Maillot Jaune, tous les faits et gestes du numéro un mondial sont surveillés par la concurrence. Il ne peut pas bouger une oreille. Il n'en a d'ailleurs pas envie. La menace qui pèse sur lui les jours à venir l'incite à la prudence.

C'est donc sans la moindre escarmouche et sans incident notable à signaler que le peloton coupe la ligne d'arrivée avec plus de 20 minutes de retard sur le vainqueur de l'étape ?

L'étape reine du Tour de France 2019

Premier des trois rendez-vous alpestres à l'issue desquels on connaîtra le nom du vainqueur du Tour de France 2019, la 18ème étape a le profil de l'étape reine. Avec son enchaînement de trois longs cols dépassant les 2000 mètres (col de Vars, col d'Izoard et col du Galibier), elle demande des qualités athlétiques exceptionnelles. Le terrain est propice aux exploits des uns et aux défaillances des autres. Entre les deux, beaucoup se contenteront de survivre dans le gruppetto.

Après sa belle résistance dans les Pyrénées, Julian Alaphilippe parviendra-t-il à défendre son Maillot Jaune sur des montées longues qui ne l'avantagent pas ?

Ses poursuivants, Geraint Thomas, Steven Kruijswijk et Thibaut Pinot disposent d'équipes plus solides que la sienne pour mener des offensives susceptibles de venir à bout du Français qui s'avoue très fatigué. Mais si son Tour de France 2019 dépasse toutes ses espérances, on ne sait pas encore où sont ses limites ?

Classement à l'issue de l'étape 16
100 ans Maillot Jaune
Tour de France 2019 - 100 ans du Maillot Jaune

L'anecdote du jour

Avec 8 coureurs, les Tours de France 1958 et 1987 ont connu le plus grand nombre de porteurs de Maillots Jaunes différents.

En 1958, c'est le Français André Darrigade qui endosse le premier Maillot Jaune. Surnommé le Lévrier des Landes, il cédera la tunique de leader dès le lendemain avant de la reprendre pour 4 jours sur la 9ème étape. Entre temps, un Belge (Jos Hoevenaars) , un Français (Gilbert Bauvin) et deux Néerlandais (Wim Van Est et Gerrit Voorting) se sont alternés en tête du classement général. Dans la montagne, le Français Raphaël Géminiani et l'Italien Vito Favero se disputent la première place. Mais ce sera finalement le Luxembourgeois Charly Gaul qui prendra définitivement le pouvoir dans le contre-la-montre de l'avant-dernière étape à Dijon après avoir déjà remporté la montée chronométrée du Mont-Ventoux lors de la 18ème étape.

Étonnement, c'est aussi à l'issue d'un contre-la-montre à Dijon lors de l'avant-dernière étape que Stephen Roche remporte le Tour de France 1987. Cette année-là, la 18ème étape se courrait également en contre-la-montre sur les pentes du Mont-Ventoux. Jean-François Bernard l'avait remportée et pris les commandes du classement général à la suite de ses compatriotes Martial Gayant et Charly Mottet durant une journée. Stephen Roche endossa un premier Maillot Jaune le lendemain avant de le céder à Pedro Delgado, futur vainqueur du Tour de France 1988. Dans la première semaine de course, le Néerlandais Jelle Nijdam s'était adjugé la première étape dans les rues de Berlin. Le Polonais Lech Pizecki fut ensuite le premier coureur de l'Est à revêtir le Maillot Jaune avant de le céder au Suisse, Erich Maechler qui fut celui qui conserva le plus longtemps la tête du classement général durant cette édition.

La Minute du Maillot Jaune