L’année 2011 a marqué une rupture : après la crise financière, avec une consommation stable en France, le niveau des encours de crédit à la consommation entamait un repli de quatre ans. “Cela a mis du temps à repartir. Mais depuis 2015, tout s’accélère. La progression aura été de 10 % sur 2016-2017.” Dans la période, le panorama a pourtant changé. Les deux plus gros acteurs du marché, les banques de réseau et les spécialistes du crédit consommation qui représentent ensemble 90 % de l’activité ont inversé leurs positions. “Ce sont aujourd’hui les banques qui ont pris le dessus. Elles se sont montrées très offensives sur ces produits intéressants pour recruter et fidéliser la clientèle.”

Usage plus qu’achat

Les comportements aussi ont évolué. Longtemps critiqué, le crédit à la consommation a veillé à devenir responsable et à redorer son image. Au-delà des mots, le surendettement a beaucoup baissé depuis 2014 : - 10,6 % en 2016 et - 6,7 % en 2017. Parallèlement, le nombre d’emprunteurs a aussi beaucoup baissé, tandis que les montants des emprunts ont, eux, monté. Mais le phénomène le plus intéressant est la montée de la location avec option d’achat. “C’est une vraie tendance. On raisonne désormais en utilisation avec un budget mensuel.”

“Avec des offres autour de 1 %, on est très proche d’un crédit gratuit. C’est dommage de s’en priver lorsque l’on a quelque chose à financer.”

Confiance

Les raisons de ce retour en force du crédit sont multiples. Il y a bien sûr la conjoncture : “C’est toujours très lié au contexte économique, en forte corrélation avec les grands indicateurs et avec la confiance des ménages dans l’avenir. On sait que la courbe du crédit à la consommation évolue toujours à l’inverse de celle du chômage.” Mais il y a aussi les taux. “La séquence de taux bas que nous traversons a dopé le marché. C’est vrai encore aujourd’hui. Avec des offres autour de 1 %, on est très proche d’un crédit gratuit. C’est dommage de s’en priver lorsque l’on a quelque chose à financer.” Les taux bas attirent aussi paradoxalement une clientèle plus aisée : “Lorsque le crédit est cher, ce sont les gens contraints d’emprunter qui le font. Dans le cas contraire, on peut se demander s’il faut toucher à son épargne ou à son autofinancement.”

Un avenir serein

Pour Yann Berthou, ce printemps du crédit n’est pas près de s’achever. En effet, l’impact de la remontée des taux sera limité si la hausse est progressive. “D’autant que quand on emprunte 10 000 euros, le taux a beaucoup moins d’importance que pour de l’immobilier.” La hausse, surtout, ne devrait pas intervenir rapidement. “En Europe, nous ne sommes pas dans la même logique qu’aux États-Unis, notre reprise est encore fragile. Les taux ne remonteront pas tout de suite.”

Chiffres Étude crédit consommation France, Eurogroup Consulting 2018.