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Le "liberation day"

1 min

La « libération » (1) … un terme qui résonne d’une manière pour le moins singulière au moment où éclate une « guerre » commerciale. La libération sous-entend la victoire. Mais la démondialisation peut-elle faire ressortir des vainqueurs ?

Frédéric Collorafi Membre du Comité d’investissement et de la Direction de la gestion de portefeuille LCL

Le 2 avril dernier, l’administration américaine a mis à exécution ses menaces en dévoilant des droits de douane sur les biens importés. Ces droits divergent en fonction des pays. Une taxe généralisée de 10 % minimum sur toutes les importations américaines a été annoncée mais cette dernière peut atteindre 49% pour les pays les plus touchés.

La nouvelle administration a également confirmé la taxe de 25% sur le secteur automobile. Ces droits devraient entrer en vigueur le 9 avril créant un climat de défiance sur l’ensemble des marchés financiers.

Même si les investisseurs s’attendaient à l’instauration de barrières douanières avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, l’ampleur de ces taxes a surpris les marchés. Au-delà de la dimension inflationniste provoquée par une augmentation des taxes à l’importation, les investisseurs craignent que leur instauration n’entraine une récession aux Etats-Unis et par contagion au niveau mondial.

Déjà, l’entente cordiale se dérobe sous les pieds des alliés historiques. Les velléités d’annexer des contrées lointaines assombrissent un peu plus le tableau. Le doigt pointé a si vite supplanté la franche poignée de main et l’accolade protocolaire. Les joutes verbales sont légion. Le sujet des droits de douane reste prédominant et leur niveau est loin d’être stabilisé, devenant même prohibitif vis-à-vis de la Chine. Entre négociations et mesures de rétorsion, le choix est limité et le moratoire annoncé le 9 avril dernier - une semaine après le « liberation day(1) » de Donald Trump - offre l’espoir de voir aboutir des négociations bilatérales avec certaines régions. Ce chemin sinueux est-il la voie nécessaire pour rendre l’Amérique « Great again(2) » ?

Trois mois ont suffi pour réconcilier Wall street(3) et Main street(3). La confiance des consommateurs américains de tous bords politiques s’érode. Les investisseurs sont subitement réveillés par un climat d’incertitudes marqué. Les marchés d’actions américaines sous-performent et le dollar perd de sa superbe. Où est donc passée cette économie si résiliente ? Il n’est pas loin le temps où l’investissement outre-Atlantique faisait consensus. Fallait-il s’en méfier ? Des résultats d’entreprises solides, des marges au plus haut, un consommateur au rendez-vous, des gains de productivité enviés par les européens, un marché de l’emploi dynamique… et trois mois plus tard des craintes de stagflation(4) ! Interrogeons-nous sur les causes. Pour le Président américain, les taxes douanières sont synonymes d’armes de négociation ; une façon de rétablir plus d’équité au niveau de la balance commerciale et une solution pour réindustrialiser le pays. Sur le papier, les tarifs douaniers rapporteront à l’Etat américain mais renchériront les produits importés. Plusieurs milliers de dollars à débourser en plus pour s’offrir un nouveau véhicule.

L’« American Dream of life(5) » : un concept d’après-guerre qui deviendrait de moins en moins accessible pour la classe moyenne américaine ? Dans le même temps, les coupes dans le budget fédéral et les licenciements qui en découlent pèsent un peu plus sur le consommateur. Ce dernier est malmené. Il pâtit d’un effet richesse négatif. Les pertes qu’il a subi sur certaines méga capitalisations américaines tendront à lui donner le blues. Les « 7 magnifiques(6) », fortement pondérées dans les indices américains font moins rêver. L’épisode DeepSeek(7) pose sans conteste la question du retour sur investissement des sommes injectées dans l’intelligence artificielle.

De l’Autre côté de l’Atlantique… la résistance s’organise. La lanterne rouge de l’Europe desserre les cordons de la bourse. A une vitesse éclair, des plans significatifs sur la défense et les infrastructures sont votés en Allemagne. La Commission Européenne dévoile également ses cartes : un grand pas tant attendu vers plus de croissance structurelle. Les marchés ont d’abord salué ces annonces (surperformance de l’Europe, hausse de l’Euro mais aussi tension sur les taux longs) mais les annonces de Donald Trump du 2 avril tendent à rattraper ce sentiment d’optimisme.

Pour autant, Trump aurait-il réveillé le vieux continent ? Une étincelle nécessaire au démarrage d’un processus de construction pour une Europe plus intégrée, plus performante, moins dépendante ? Une opportunité pour l’Europe visant à entreprendre des changements. Les sommes investies dans la défense peuvent constituer un formidable catalyseur technologique pour les européens qui pourra aller bien au-delà du secteur de l’armement.

De son côté l’investisseur s’interroge. Les annonces sur les taxes douanières sont sources de volatilité à court terme. Réorganiser des chaînes de production prend du temps. La période Covid nous le rappelle. Mais la volonté est là. Sans nul doute des secteurs et des entreprises, quelle que soit leur taille seront touchés de manière distincte. Il ne s’agira plus de sélectionner les plus grandes capitalisations de l’indice pour performer. La période ouvre la voie à plus de réactivité, à plus de sélectivité, à davantage de gestion active et rend nécessaire la diversification de vos investissements. L’enjeu consistera à sélectionner les entreprises qui sont établies dans leur domaine, qui profiteront des plans de relance, qui maitrisent leur chaine à la fois d’approvisionnement et de production. La recherche d’actifs de qualité doit continuer à rester un leitmotiv pour l’investisseur à la fois sur les actions mais également sur les actifs de dette.

Achevé de rédiger le 24 avril 2025 par Frédéric Collorafi, responsable de la Gestion Conseillée LCL

 

(1) « Libération day» ou jour de la libération, est l'annonce d'une nouvelle politique commerciale menée par le président des États-Unis Donald Trump à la suite de son "discours de libération" du mercredi 2 avril 2025.

(2) « America Great again » : Littéralement « Rendre l'Amérique à nouveau grande », soit : « Rendre sa grandeur à l'Amérique »

(3)Wall street, la Bourse, terme souvent opposée à Main street, le peuple.

(4)Stagflation : Terme forgé en 1973 pour désigner le mélange de stagnation de la croissance économique et d'accélération (ou de haut niveau) de l'inflation : croissance économique faible et  croissance rapide des prix.

(5) « American Dream of life » : Le rêve de vie américain

(6) « 7 magnifiques » : Nom attribué dans les milieux financiers aux grandes capitalisations boursières américaines : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Nvidia et Tesla.

(7) DeepSeek : Nom de la société chinoise d'intelligence artificielle qui a lancé plusieurs modèles d’IA avec un usage modulaire permettant de réduire les coûts d’usage, ce qui a provoqué un séisme dans la tech américaine.