Les « déserts médicaux » ne cessent de s’étendre, à tel point qu’ils concernent aujourd’hui une commune sur trois(1). Ce qui implique qu’entre 9% et 12% de la population française – soit 6 à 8 millions de personnes – doivent faire des dizaines de kilomètres pour trouver un médecin.

Un véritable problème de santé publique mis en lumière dans une récente étude commandée par l’Association des maires de France (AMF).

Selon ses auteurs, l’Hexagone ne compte que 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Surtout, ils sont très mal répartis, ce qui a pour effet de creuser les écarts entre les territoires avec des densités de médecins très variables entre les départements les moins bien dotés (96 en Seine-et-Marne, 107 dans le Cher et 114 dans l’Yonne) et les départements les mieux dotés (170 à la Réunion, 181 dans les Bouches-du-Rhône et 242 à Paris).

Près de deux Français sur trois ont déjà renoncé à des soins médicaux

A cela, il faut ajouter l’augmentation de l’âge moyen des médecins (en 2019, un sur trois avait plus de 60 ans) et la hausse de la demande de soins. Un phénomène expliqué en partie par le vieillissement de la population.

Ainsi, il faut attendre en moyenne 6 jours pour consulter un généraliste, et jusqu’à 80 jours pour un spécialiste (79 jours en ophtalmologie, 61 jours en dermatologie ou encore 44 jours en gynécologie)(2).

Conséquence : selon un récent sondage mené par BVA(3), près des deux tiers des Français (63%) ont déjà dû renoncer à des soins à cause de la difficulté à obtenir une consultation dans un délai raisonnable (44% des personnes interrogées ont invoqué des délais d'attente trop longs, 25% un manque de médecins à une distance raisonnable de leur domicile).

Pour ne rien arranger, « c’est dans les départements où la densité médicale est la plus faible que les médecins sont aussi les plus âgés » notent les auteurs de l’étude commandée par l’AMF.

« L’État doit faire plus et mieux »

Si les élus locaux tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur la propagation des déserts médicaux dans les campagnes comme dans les villes moyennes ou les zones périurbaines, le Sénat n’est pas en reste.

Dans un rapport rendu public mercredi 20 octobre 2021, ses auteurs, estiment que l’État « ne remplit pas sa mission de garant de l'équité territoriale en matière de santé », tout comme « il n'est pas toujours facilitateur des projets locaux en imposant parfois des contraintes inutiles ». Selon eux, Il doit donc « faire plus et mieux », à commencer par « associer plus efficacement les élus locaux à la stratégie nationale de réduction des inégalités territoriales ».

Les rapporteurs suggèrent également de « renforcer le rôle facilitateur » des Agences régionales de santé (ARS) à l'égard des élus locaux. D'autant plus que « la crise sanitaire a montré que les délégations départementales, censées rapprocher la gestion des ARS du terrain, ne jou(aient) pas suffisamment le rôle de proximité escompté eu égard à leur périmètre d'intervention limité et à leur faible capacité d'expertise et d'accompagnement des élus ».

Une boite à outils pour les élus locaux

Présenté comme une « boîte à outils » donnant à voir de bonnes pratiques, ce rapport formule aussi différentes recommandations aux élus locaux. Comme la nécessité pour les collectivités ayant ouvert (ou projetant d’ouvrir) des centres ou des maisons de santé de travailler « en étroite concertation avec les professionnels de santé ». Ce qui peut sembler évident, sauf que « nombreuses sont les maisons de santé dont les murs existent mais qui n'accueillent ni patients, ni médecins » souligne le rapport.

Enfin, les rapporteurs préconisent « une réflexion commune État-collectivités territoriales sur les risques de compétition entre les territoires » avant de s’interroger sur les moyens de favoriser la venue de médecins dans les déserts médicaux. Les aides à l'installation ou encore le salariat par les collectivités sont mis en avant. Quant au sujet ultra-sensible de la liberté d'installation des médecins, les rapporteurs indiquent que « 100 % des élus rencontrés disent qu'il faut relancer le débat » .

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(1) https://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-282-notice.html
(2) Source : AFP, octobre 2018.
(3) Source : AFP, novembre 2019.